Notre temps offre peu de choses à ceux qui se contentent de nourrir le songe millénaire du monde et voient avec la même stupéfaction revenir le jour
Ils vont pourtant à l’essentiel.
Car quels événements peuvent rivaliser avec la chaleur, le soir , le ciel et les arbres ?
Didier Lapène, tout à sa tâche monastique, le sait bien, lui qui va, matin après matin au devant de ces grands personnages.
Voilà un homme si épris de tout ce qui atteint sa rétine, qu’il n’a pas besoin de se battre les flancs pour se trouver un sujet : celui-ci est partout, devant lui, sous ses pas, au-dessus de sa tête, qui se déroule de l’aube jusqu’au crépuscule, toujours neuf et pourtant si ancien, que son pinceau se demande depuis combien de siècles il y travaille.
Et c’est peut-être la tristesse de voir toutes ces journées s’éteindre les unes après les autres qui le ramène sans cesse sur le même lieu, car, comme tous les bons artistes, il pressent qu’il faut regarder les choses pour qu’elles ne disparaissent pas.
Il plane ainsi sur ces grands paysages une acoustique d’éternité qui nous apaise, renouvelant sous nos yeux le pouvoir conjurateur de la métaphore picturale.
Avec la puissante certitude de celui qui a ressenti, le peintre nous affirme que les nuages en été se posent bien sur le sable mouillé, que le vent, l’air chaud et les vagues peuvent déferler sur une palette, et que parfois le ciel et son cortège de lumières et d’ombres vient tout entier habiter les avenues de nos villes.